Les États-Unis tirent la sonnette d’alarme : le camionnage hors-la-loi au Canada inquiète Washington
- La Rédaction

- il y a 3 jours
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Source : Ontario Trucking Association (OTA)
Alors que le Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités (TRAN) poursuit ses travaux sur le phénomène Driver Inc, les inquiétudes dépassent désormais les frontières canadiennes. Selon l’Ontario Trucking Association (OTA), le gouvernement américain observe de près une dérive préoccupante au sein de certaines flottes canadiennes, dont les pratiques mettraient en péril la sécurité routière, l’équité économique et même la sécurité transfrontalière.
Des préoccupations exprimées par des diplomates américains
Dans une entrevue accordée à La Presse, des diplomates américains suivant les audiences du comité TRAN ont exprimé leurs craintes quant aux conséquences du modèle Driver Inc.
« Régler la question fiscale ne résout pas les problèmes liés à la formation des chauffeurs. Nous craignons que, lors d’opérations transfrontalières, ces conducteurs mettent en danger la sécurité des citoyens américains sur les routes », ont-ils indiqué.
Les représentants américains soulèvent également des enjeux de travail forcé, de concurrence déloyale, de surendettement des chauffeurs et même de potentielles activités criminelles.
« Si des chauffeurs sont forcés de travailler, notre inquiétude est de savoir à quoi d’autre ils pourraient être forcés de participer », ont-ils ajouté.
La CTA réclame une refonte des programmes transfrontaliers
La Canadian Trucking Alliance (CTA) affirme tirer la sonnette d’alarme depuis plusieurs années. Son président-directeur général, Stephen Laskowski, estime qu’il est temps de revoir en profondeur les mécanismes de sécurité applicables au camionnage transfrontalier.
« Après le 11 septembre, le camionnage transfrontalier a été transformé par la mise en place de programmes de sécurité axés sur les menaces terroristes. Nous croyons qu’il est maintenant temps pour l’industrie et les deux gouvernements d’explorer de nouveaux programmes afin de s’assurer que tous les transporteurs et chauffeurs transfrontaliers sont sécuritaires, conformes et sans liens criminels », a-t-il déclaré.
La CTA souligne également la complexité du cadre canadien, où les responsabilités en matière de sécurité et de formation sont partagées entre Ottawa et les provinces.
Transport Canada, de concert avec les sous-ministres provinciaux des Transports, travaille actuellement à l’élaboration d’une approche nationale. Des annonces sont attendues au premier trimestre de 2026.
L’Ontario en première ligne
En Ontario, l’Ontario Trucking Association affirme que la crise de l’illégalité dans le camionnage a désormais des impacts directs sur la sécurité publique et les communautés.
« Nous avons demandé à la province de suspendre le Programme ontarien des candidats à l’immigration (OINP) afin d’y apporter des réformes, d’ouvrir les postes de pesée 24/7 et d’inspecter chaque transporteur sur site, à l’image de l’industrie alimentaire et de la restauration », a déclaré Geoffrey Wood, vice-président principal aux politiques de l’OTA.
Selon l’OTA, le système de délivrance des permis de conduire commerciaux doit également être entièrement revu afin de se rapprocher d’un véritable modèle de formation professionnelle.
« Nous devons protéger les Ontariens et envoyer un message clair à notre principal partenaire commercial : le camionnage est une industrie sérieuse. Tous les transporteurs immatriculés en Ontario doivent opérer avec des équipements sécuritaires, des chauffeurs formés et des activités commerciales légitimes », a ajouté M. Wood.
Une pression croissante pour écarter les mauvais joueurs
L’OTA confirme avoir déjà présenté un plan détaillé au gouvernement ontarien et appuie pleinement la vision de la CTA visant à resserrer les contrôles transfrontaliers.
« Il est temps d’écarter les mauvais joueurs et de protéger la sécurité de nos routes ainsi que l’intégrité des chaînes d’approvisionnement entre le Canada et les États-Unis », conclut Geoffrey Wood.



